Vous avez des préjugés sur la race ?

Cette page (un peu rébarbative, mais nous vous remercions d'y consacrer une dizaine de minutes car les informations contenues sont très importantes pour une meilleure connaissance du sphynx), a pour objectif d'aborder les préjugés dont la race sphynx fait l'objet, de part son particularisme morphologique, à savoir, la nudité de sa peau, et de répondre aux idées reçues qui véhiculent couramment sur des sites web (portails félins) ou des ouvrages généralistes consacrés aux chats de race, voire, dans l'opinion publique, par manque d'information réelle et fiable.

Afin que chacun comprenne l'importance de cette lutte contre les préjugés dont le sphynx est victime, nous allons tout d'abord expliquer quelles sont les menaces qui pèsent actuellement sur l'élevage du sphynx, et quelles thèses en sont à l'origine.

De nombreux pays européens ont ratifié la Convention pour la Protection des Animaux de Compagnie, proposée en 1995 par le Conseil de l'Europe, organisme européen non dépendant de l'Union Européenne, comptant cependant 15 états membres, et dont l'un des rôles essentiels est de proposer les textes réglementaires européens. C'est dire l'influence de cet organisme à l'échelle européenne.

On pourrait se féliciter de la ratification de cette convention par la France et d'autres états membres de la CEE, puisqu'elle interdit par exemple des mutilations handicapantes comme le dégriffage des chats, si elle ne comportait pas un article pouvant s'avérer dangereux pour l'élevage de nombreux animaux de compagnie, particulièrement de chats et de chiens. 

L'article 5 de cette convention prévoit une sélection des animaux pour la reproduction qui tienne compte des caractéristiques anatomiques, physiologiques et comportementales qui sont de nature à compromettre la santé et le bien-être de la progéniture ou de la femelle.

Voilà qui paraît évident pour tout éleveur sérieux, passionné, forcément soucieux du bien-être de ses animaux. Le problème est que cet article a été inspiré par des thèses qui mélangent allègrement tares génétiques (que les éleveurs ont à cœur d'éliminer dans les lignées des animaux qu'ils élèvent en écartant par le moyen de la stérilisation, les sujets porteurs de tares héréditaires) et particularismes morphologiques. Or, le travail des éleveurs sérieux a été de ne pas dissocier type et santé. Ainsi un persan typé, né d'un travail de sélection rigoureux, ne souffre d'aucun problème respiratoire, n'a pas les canaux lacrymaux bouchés, n'est pas prognathe, et sous réserve d'appliquer certaines règles simples en cours de gestation, il n'y a pas chez les femelles de cette race, plus de césariennes que dans d'autres races ou même, chez le chat de gouttière. Ce n'est qu'un exemple, nous verrons plus bas ce qu'il en est du sphynx.

Les thèses qui sont à l'origine des recommandations qui font suite à la Convention pour la Protection des Animaux de Compagnie ont été lancées par certains mouvements dits, "de protection animale", qui ont versé dans l'extrémisme en dressant une liste où près de 70 % des races félines, canines et d'oiseaux de basse cour et d'ornement, sont qualifiées de "races torturées". 

Initiée avec l'organisation extrémiste PETA dont la philosophie principale repose sur la séparation totale homme / animal (donc, opposée au concept d'animaux domestiques et de compagnie, qualifiés "d'animaux esclaves"), ces mouvement se sont particulièrement développés en Allemagne, surtout dans certains landers (comme celui de Hesse) où des races félines sont déjà interdites d'élevage. Ces thèses se répandent dans l'ensemble de la communauté européenne. 

Inspirée par ces thèses qui n'ont pourtant fait l'objet d'aucune étude scientifique permettant de faire la différence entre particularismes morphologiques réellement handicapants et particularismes uniquement esthétiques n'entraînant pour l'animal aucune souffrance, et afin d'encourager le respect total des dispositions de la Convention pour la Protection des Animaux de Compagnie, le Conseil de l'Europe, via la Consultation Multilatérale du 10 mars 1995 a adopté un certain nombre de recommandations pour l'application de l'article 5, dont voici un extrait particulièrement inquiétant et révélateur d'un manque de rigueur, et qui concerne les chats et chiens sans poil :

"Eviter ou, si il n'est pas possible d'éliminer les tares importantes, arrêter l'élevage:

(…)

- Des chiens et chats sans poils (absence de protection contre le soleil et le froid, tendance à une réduction importante du nombre de dents, facteur semi-létal)

(…)"

Voilà un bel exemple d'absence de rigueur scientifique. En quoi l'absence de poil entraîne-t-elle une réduction du nombre de dents ? Sachant qu'un facteur semi létal est un facteur génétique susceptible d'entraîner la mort, quel est ce facteur sur le sphynx, comment aurait-il été identifié ? Impossible de mettre la main sur la moindre étude scientifique. Et pour cause… Inexistantes. Quand à l'absence de protection contre le soleil et le froid, nous allons y revenir.

En réalité, ces thèses douteuses, se basent sur la viabilité en milieu naturel, des animaux recensés sur ces recommandations, dont le sphynx, évidemment.

Toutefois, dans l'hypothèse que le sphynx soit un chat frileux ou craignant le soleil, interrogeons nous un moment, sur l'intérêt de nous préoccuper de la viabilité en milieu naturel, d'un animal de compagnie, domestiqué, qui dépend pour ses besoins, entièrement de l'homme, et destiné à vivre au sein de l'habitation de ce dernier.

Nous viendrait-il à l'esprit de nous interroger sur la viabilité en milieu naturel, d'une bonne vache normande, qui reconnaissons-le, n'est guère équipée, pour fuir et lutter contre un prédateur naturel, et qui mourrait rapidement de faim si elle devait chercher elle-même quelque fourrage, au cœur de l'hiver sous une épaisse couche de neige ? 

Dans ce cas là, l'être humain lui-même serait bien avisé de ne plus se reproduire. Lui non plus n'a pas été doté par la nature, d'une fourrure lui permettant de supporter une exposition en plein soleil, ou les frimas d'un hiver rigoureux. Un citadin, lâché nu et sans armes dans un milieu naturel (la forêt amazonienne par ex), serait condamné à brève échéance. Nous sommes donc nous aussi, une espèce non viable en milieu naturel…

Charles Danten, auteur du livre "un vétérinaire en colère", ouvrage de propagande contre le concept d'animal de compagnie et que recommande une association comme PETA, n'hésite pas à écrire : "Plus un animal domestique s'éloigne physiquement et psychologiquement de son ancêtre d'origine, plus il souffre". 

Or, les propriétaires et éleveurs de sphynx, qui contrairement à Charles Danten, vivent dans une proximité très proche de leurs animaux, établissent et tissent avec eux, sans tomber dans l'anthropomorphisme, une réelle complicité et des liens affectueux, sont unanimes pour constater que leurs chats sont équilibrés, épanouis, et se comportent comme n'importe quel autre chat "poilu" bien socialisé, que ce soit dans leurs jeux, leurs comportements de prédateurs, leurs habitudes alimentaires ou de sommeil. Car à moins d'une socialisation mal effectuée par l'éleveur, le sphynx ne présente aucune pathologie comportementale de nature à confirmer les thèses développées par Charles Danten et autres extrémistes de son acabit, sur les animaux domestiques. Un animal domestique qui souffre est un animal dont les besoins physiologiques et comportementaux sont mal évalués, mal compris ou négligés. Cela n'a rien à voir avec un type particulier. Il est important de comprendre qu'un particularisme morphologique, sauf rares exceptions, n'est pas source de handicap et de mal être pour un animal domestique.

Or, alors qu'actuellement, les mouvements fondamentalistes de l'écologie, réclament que l'élevage de nombreuses races d'animaux de compagnie soit interdit au niveau européen, il est inquiétant de constater, en ce qui concerne le sphynx, que de nombreux préjugés donnent aux ennemis de cette race, du grain à moudre. Un des points que l'on reproche au sphynx, est sa nudité. Il est nu, donc il est frileux. Cette affirmation dénote seulement une méconnaissance de la race, et nous demandons au lecteur de ne pas y prêter d'attention, lorsqu'au hasard de ses visites sur le web, il peut tomber sur de fausses informations.

Ci-dessous donc, les questions les plus fréquemment posées aux éleveurs, c'est à dire celles qui véhiculent le plus d'idées reçues.

 

Le sphynx est-il un chat fragile ?

Non ! Il n'est ni plus ni moins fragile qu'un chat d'une autre race ou qu'un gouttière. Il peut tomber malade, mais sa robustesse lui permet de se défendre relativement bien contre diverses affections (angines, rhinites...)

Le sphynx est également un chat très précoce. Les chatons ouvrent les yeux dans les 3 jours qui suivent leur naissance (quand chez la plupart des races félines, il faut attendre 15 jours), parfois même, dès le lendemain de la mise bas. Très éveillés, les jeunes chatons se montrent rapidement intrépides, curieux, et vifs. Quand chez d'autres races félines, les chatons commencent juste à ouvrir les yeux, les chatons sphynx essayent déjà de sortir du panier de leur nurserie pour commencer l'exploration de leur environnement.

Il est également intéressant de constater que la peau du sphynx, que l'on croit sans protection, épaisse et très riche en collagène, possède des capacités de cicatrisation très rapide.

Enfin, son espérance de vie est la même que celle des autres races félines ou qu'un bon vieux gouttière. Le sphynx n'est porteur d'aucun facteur létal.

 

Le sphynx est-il frileux ?

Comme les apparences sont trompeuses… Cela peut paraître surprenant, mais le sphynx n'est pas un chat frileux. Un sphynx peut comme n'importe lequel de ses congénères, s'ébattre dans la neige, et il aime ça ! Photos à l'appui. Il ne ramènera ni pneumonie, ni engelures.

Mon petit Ramsès d'AmourTefnou à la Vallée Des Dieux Tahonie de La Vallée Des Dieux

 Comment est-ce possible ? Eh bien, comme nous l'avons précisé au chapitre précédent, la peau du sphynx est bien plus épaisse que celle d'un autre chat, riche en collagène et riche en sébum. Elle constitue donc un bon isolant. De plus, une alimentation très calorique, permet au sphynx d'augmenter ses réserves énergétiques et donc, sa couche graisseuse. Il peut alors lutter correctement contre des températures fraîches, voire très fraîches.

Ce n'est donc pas un chat frileux, même s'il n'est pas capable évidemment, de passer une nuit rigoureuse d'hiver dehors, sans possibilité de s'abriter. Mais bien d'autres chats de race à poil court, non plus… Seules quelques races félines (maine coon, norvégiens…) sont capables de supporter des températures très basses. Ces mêmes races par contre, vont souffrir dès l'apparition de la canicule, que le sphynx supportera mieux en réduisant ses besoins caloriques (le budget croquettes augmente en hiver :-)

 

Chez beaucoup d'éleveurs et de particuliers, la température oscille entre 18 et 20°C. Cette température est plus saine qu'une température élevée, qui assècherait les muqueuses et favoriserait le développement des bactéries. Nos sphynx se comportent aussi naturellement qu'en été, quand la température dans certaines habitations, avoisinent alors, les 28°C. Et eux aussi, s'adaptent très bien aux pannes de chauffage :-)

Si pour des raisons de climat, on souhaite interdire le sphynx, il faudra également interdire la détention dans les zoos, d'espèces vivant à l'état naturel dans des zones chaudes (Afrique, Amérique su Sud...). Qui se promène dans un zoo en hiver, sera surpris de voir ces animaux déambuler paisiblement dans leurs enclos extérieurs, quittant volontiers la chaleur de leurs abris, alors que la température extérieure avoisine les 0°C !

Enfin, il existe une race de chat nu, le Don Sphynx, qui avant d'être élevé et sélectionné, vivait librement dans les rues de villes russes, comme Rostov. On trouve également toujours, dans certaines régions mexicaines, des colonies de chats nus, qui vivent à l'état libre dans les rues des villes, et survivent sans difficulté en toutes saisons.

 

Le sphynx est-il sensible au soleil ?

Oui et non. Tout dépend en fait de la couleur de sa peau. Le sphynx fonctionne comme nous sur ce point. Ce sont surtout les sphynx blancs qui peuvent craindre quelques coups de soleil. Mais le sphynx n'est pas non plus idiot (on lui reconnaît même, parmi la gente féline, une intelligence exceptionnelle), et si les rayons du soleil se montrent cuisants, il va s'abriter à l'ombre. D'ailleurs, un chat, quelque soit sa race, est exposé au fameux coup de chaleur pouvant s'avérer mortel. L'exposition longue au soleil n'est donc conseillée pour aucun chat.

Reste que le sphynx, bronze. Et il est amusant de voir ses couleurs foncer et n'en devenir que plus vives.

L'application de crème solaire est possible, mais gare aux allergies (la peau humaine n'est pas une peau de sphynx), et veiller à ce que le chat ne se lèche pas avant complète pénétration du produit.

 

Le sphynx est-il handicapé par son absence de vibrisses (moustaches) ?

Le sphynx n'a pas de vibrisses, ou alors, atrophiées. Pourtant, c'est un chat très agile, capable de grimper aux arbres, d'évaluer avec précision l'élan nécessaire pour sauter d'un point A à un point B (capable de faire de très larges bonds), de se réceptionner parfaitement, et de chasser et ramener une proie, comme n'importe quel félin. Véritable casse coup, les acrobaties les plus périlleuses ne lui font pas peur.

Dans l'obscurité, ils s'orientent sans difficulté, ne se cognent pas aux meubles, jouent et courent dans la pénombre, comme n'importe quel chat. Comment le sphynx compense-t-il l'absence de vibrisses ? Mystère. Mais une chose est certaine, elles ne lui manquent pas dans sa vie quotidienne.

Enfin, excellent chasseur, le sphynx lâché dans votre jardin, vous fera volontiers la surprise de vous rapporter un rongeur ou un oiseau (il aura sans doute constaté que votre point fort n'est pas la chasse, et en chat dévoué et bien nourri par vos soins, il se préoccupera de survenir un peu à vos besoins :-) 

 

Le sphynx est-il sujet à des problèmes de peau ?

Non, il n'est pas plus sujet à des problèmes dermatologiques que d'autres races félines. Ses plis ne lui occasionnent pas d'eczéma

 

La mortalité des chatons est-elle élevée ?

Non, elle n'est ni plus ni moins élevée que celle des chatons de gouttière. Ce préjugé s'appuie en fait sur la mortalité élevée des chatons que l'on a déploré quand l’élevage du sphynx a réellement débuté (il y a plus d’une vingtaine d'années). En réalité, cette mortalité était tout simplement due à un taux très élevé de consanguinité (mariages répétés père/fille, mère/fils et frères et sœurs) taux qui affaiblissait considérablement le système immunitaire des chatons. Aujourd'hui, cette forte consanguinité est devenue rare. Dans le cadre d'un mariage consanguin (peu fréquent), de nos jours, on procède ensuite, lorsqu'il s'agit de faire saillir le chat issu de cette union, directement à une ouverture de sang, la consanguinité répétée n'est plus usitée de nos jours.

Ainsi, il est inexact de nos jours de prétendre que la mortalité des chatons sphynx est élevée. Cette mortalité élevée a existé, mais ce n'est plus d'actualité de nos jours. Et elle n'a pas reposé sur un facteur létal propre à la race (facteur qui n'existe pas chez le sphynx), mais tout bêtement sur une consanguinité forte et répétée qui n'est plus de mise de nos jours.

De nos jours, on n'observe donc pas de mortalité élevée chez les chatons sphynx, qui par contre, stupéfient leurs éleveurs par leur incroyable précocité et leur robustesse. Ainsi, quelques heures après sa naissance le chaton sphynx fait preuve d'une activité débordante, se déplace aisément dans le panier, se redresse en prenant appui sur ses pattes avant et arrière, et ouvrira les yeux parfois dès le second jour (il a été rapporté par des éleveurs, des cas de chatons sphynx naissant avec les yeux presque ouverts).

 

Les femelles sphynx ont-elles un cycle identique aux femelles d'autres races félines ?

Il arrive parfois, que l'on tombe sur un descriptif de la race sphynx, dans un livre ou un site web faisant mention de chaleurs très peu fréquentes chez les chattes sphynx, de l'ordre de deux chaleurs par an. 

En réalité, les chattes sphynx ne sont pas différentes des autres races félines sur ce plan, et il n'y a pas de règle établie pour le rythme de leurs chaleurs. En moyenne, les chaleurs se déclenchent environ toutes les 4 semaines, avec une accalmie durant la période hivernale (mais ce n'est pas systématique). Certaines femelles sphynx peuvent n'être en chaleurs que toutes les 6 à 8 semaines, ou tous les 7 à 14 jours, et on rapporte certains cas de chattes continuellement en chaleurs. Comme chez les autres races félines.

 

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